
Ordonné·e, ponctuel·le ou sympathique: à quel point es-tu vraiment suisse?
Trier les déchets en dormant ou être à l’heure à la minute près... Celles et ceux qui vivent (ou ont vécu) en Suisse le savent: ce pays recense mille et un particularismes dont certains relèvent davantage du détail attachant et d’autres du petit rituel quotidien auquel on finit par s’habituer. Il est donc temps de jeter un œil à tout ce qui nous rend si typiquement helvétiques.
Tri obligatoire! L’art silencieux de la gestion des déchets
La Suisse est incontestablement championne du monde toutes catégories en matière de recycling. PET, verre, aluminium ou déchets biologiques: chaque matériau est trié dans les règles de l’art. Ce n’est pas pour rien qu’en Suisse les points de collecte dédiés ressemblent souvent à des temples du recyclage, parfois déroutants pour les novices. De fait, ces derniers sont confrontés à un dilemme: les capsules de café peuvent-elles être jetées dans la poubelle pour le métal? Qu’en est-il du conteneur pour ordures résiduelles? Et malheur à celui ou celle qui ose se débarrasser d’un objet au mauvais endroit: il·elle sera rapidement rappelé·e à l’ordre!
Vieux journaux mal ficelés? Tant pis pour toi!
Même la collecte des vieux journaux est une affaire bien ficelée, au sens littéral du terme. Les déposer en vrac ou les jeter à la poubelle? Impensable! Ici, on ficelle soigneusement ses paquets... à angle droit cela va sans dire! Le ruban adhésif? Un concept tout aussi saugrenu que les idées d’emballage créatives. Ta pile de déchets papier est restée intacte au bord de la route? Le verdict est on ne peut plus clair: les règles n’ont pas été respectées.
À chacun ses poubelles
On ne rigole pas non plus avec les déchets ménagers. Tu as acheté tes sacs poubelles dans le village XY? Alors tu devras les jeter au même endroit! Et si par malheur tu choisis de le faire dans la commune voisine, tu risques de friser l’incident diplomatique! Hé oui, chaque municipalité a ses règles, y compris avec les ordures.
L’appel des sommets: la randonnée, sport national
Les Suisses vouent une passion à la marche. Au sommet des montagnes, au bord des lacs ou dans les vertes prairies, l’amour de la nature se manifeste en Suisse par des sentiers impeccablement entretenus. Rien d’étonnant donc à ce que la randonnée soit pratiquement considérée comme un sport populaire dans notre pays. Mais si les chemins sont aménagés de façon exemplaire, planifier sa balade est aussi une tradition. De fait, il est hors de question de se lancer à l’aventure sans des vêtements résistant aux intempéries et un sac à dos soigneusement préparé. Et même lorsque les itinéraires sont de kilométrage réduit, un kit d’urgence, des barres de céréales et un thermos doivent faire partie de l’équipement de base. Les célèbres poteaux jaunes sont quant à eux particulièrement utiles; s’ils indiquent par exemple 2 h pour arriver à destination, il y a de fortes chances pour que tu y parviennes dans ce laps de temps... À condition bien sûr de ne pas t’arrêter toutes les dix minutes pour prendre un cliché panoramique des Alpes.
En parlant de cliché, la randonnée n’est plus l’apanage de seniors «super fit» équipés de bâtons dernier cri, les jeunes sont de plus en plus attirés par ce loisir. Patrick t’explique dans son article les raisons de son engouement.
Le mythe de la richesse
«Ah, tu es Suisse? Alors tu dois être riche!» Cette phrase, de nombreux Helvètes l’ont déjà entendue maintes et maintes fois. Oui, la Suisse est synonyme de montres et de chocolats de luxe, de comptes bancaires discrets, et, plus largement, d’opulence. Mais la réalité est un peu différente... De fait, tout un chacun ne se rend pas forcément dans son chalet de Gstaad en Ferrari. Certes les salaires sont plus généreux qu’ailleurs, mais le coût de la vie est aussi nettement plus élevé.
Assaisonnement à la suisse
C’est très simple, il suffit de deux ingrédients: Aromat et Maggi. Ces deux classiques occupent presque systématiquement une place de choix sur d’innombrables tables helvétiques; et non pas cachés dans l’étagère à épices, mais à côté du sel et du poivre. Aromat sur les œufs au déjeuner, Maggi dans la soupe ou sur le fromage: ces pratiques qui relèveraient du crime gastronomique pour certains sont considérées comme normales, voire même traditionnelles, dans notre pays. Leur goût intense, reconnaissable entre mille, évoque souvent des souvenirs d’enfance; c’est sans doute pour cette raison que leur popularité ne se dément pas?
La cuisine suisse: un caractère et des saveurs qui méritent le détour
Tu connais Aromat, mais qu’en est-il du Rivella, des cornettes-viande hachée avec compote de pommes et autres? La cuisine locale helvétique recèle quelques pépites que l’on adore ou que l’on devrait au moins tester une fois. Tu peux les découvrir dans l’article d’Yves.
La Suisse, pays de l’horlogerie: quand 14:07 signifie vraiment 14:07
En Suisse, «être à l’heure» ne signifie pas à peu près, mais à la minute près. Si le train est annoncé à 14:07, il partira bien à 14:07 – pas plus tôt, pas plus tard. Au pays des Helvètes, il ne s’agit pas uniquement de politesse, c’est un principe de base. Que ce soit dans la vie professionnelle, à l’arrêt de bus ou dans le cas de rendez-vous privés, le fait d’être en retard – ne fût-ce que de quelques minutes – provoque de légers froncements de sourcils et parfois des reproches à l’égard du ou de la responsable. Réputée dans le monde entier, la ponctualité suisse facilite le bon déroulement des processus les plus divers, mais elle engendre aussi une attente élevée en termes de performances.
Ne pas déranger
En Suisse, le calme n’est pas seulement une aspiration, il est aussi régi par la loi. Si tu allumes ta perceuse le dimanche, si tu fais tourner ta machine à laver le soir après 22 h ou si tu démarres ta tondeuse à midi, tu dois t’attendre à subir les regards désapprobateurs des autres habitant·e·s du quartier. Dans les cas extrêmes, tu risques même un avertissement. Il est par ailleurs de bon ton de faire preuve de considération envers ses voisins dans les immeubles un peu plus anciens et moins insonorisés. Ces périodes d’inactivités forcées peuvent sembler excessives, mais elles assurent une cohabitation respectueuse. Et pour être honnête, un peu moins de bruit ambiant n’a jamais tué personne...
Les dialectes: des signes distinctifs incontournables
Muesli, müesli ou müsli – selon l’endroit où tu te trouves en Suisse alémanique, le petit déjeuner adopte une dénomination différente. Quel que soit l’emplacement, le dialecte (ou patois) révèle souvent l’origine de la personne qui parle; il participe de fait à l’identité et incarne l’appartenance à une région. Et cerise sur le gâteau, tout le monde y met du sien. Certains Alémaniques mélangent leur déclinaison du Schwizerdütsch avec le Hochdeutsch, tandis que d’autres inventent leur propre mélodie vocale. Dans un pays comptant quatre langues nationales et d’innombrables dialectes, c’est presque un miracle que nous puissions nous comprendre. Mais d’une manière ou d’une autre, cela fonctionne.
Le Suisse romand, ça existe!
En Romandie, contrairement à ce qui a cours en Suisse alémanique, où les dialectes sont omniprésents dans la vie quotidienne et font jeu égal avec l’allemand standard, les patois sont très largement supplantés par le français. Historiquement, ce dernier était en effet considéré comme une langue incarnant le prestige, la culture et la réussite sociale. Bien que les dialectes francophones soient certes encore pratiqués/parlés localement par les «anciens», les nouvelles générations ont tendance à s’en détacher.
Mais penchons-nous tout d’abord sur le français de Suisse romande qui n’est pas une copie du français hexagonal, tant s’en faut. On en veut pour preuve l’utilisation largement répandue, dans tous les cantons, d’expressions imagées («je suis déçu en bien», «il va bientôt roiller», «tout de bon» p. ex.), ou de termes typiques (cornettes, panosse, etc.). Sans oublier les désignations des repas (déjeuner, dîner, souper) et des nombres (septante, huitante, nonante…).
Des patois en mode survie
En Valais, le patois présente une grande variété, chaque vallée en pratiquant une forme distinctive. À Fribourg, du fait de la proximité avec la Suisse alémanique, certains dialectes comme le singinois (Senslerdeutsch) se distinguent par la présence de germanismes. Dans le canton de Vaud, le patois, autrefois largement répandu dans les campagnes, se parle encore ici ou là, alors qu’à Genève, il n’existe quasiment plus.
On notera que même si le tableau est loin d’être idyllique, des associations tentent, notamment par le biais de fêtes folkloriques, de faire survivre ce patrimoine linguistique, témoin d’une ruralité en voie de disparition.
La fondue quotidienne
La Suisse, pays de la fondue? Honnêtement, on n’en est pas si loin! Le fromage joue un rôle essentiel dans la cuisine helvétique, et une soirée autour d’un caquelon est bien plus qu’un simple repas: c’est un véritable rituel. Du moins pour la plupart des gens. Je suis Suissesse, mais le fromage et moi ça fait clairement deux... La fondue? Je laisse volontiers les autres en profiter! La raclette? Sans moi! En revanche, je suis la première à me jeter sur une fondue au chocolat. Après tout, c’est une coutume tout ce qu’il y a de suisse, mais en version sucrée...
Ah oui j’oubliais... La fondue s’accompagne aussi de son lot de règles bizarres; ainsi, celui ou celle qui fait tomber son morceau de pain doit payer une tournée. Véritable tradition ou simple excuse bien commode?
Petit, rouge et indispensable
Chaque Suisse ou presque a grandi avec son couteau de poche, un accessoire emporté indifféremment lors des voyages scolaires, des grillades en forêt ou encore dans son sac à dos en randonnée. D’une certaine manière, c’est l’outil qu’on associe aux souvenirs d’enfance, des premiers essais de sculpture, à l’émerveillement devant des fonctionnalités restées longtemps mystérieuses. Ce petit outil n’est pas seulement une madeleine de Proust, c’est aussi un objet culte.
Un pays, 26 mini-Suisses
Aussi petite que soit la Suisse, ses 26 cantons sont de véritables pays miniatures, avec leur lot de traditions et de clichés. D’ailleurs, si tu penses que tous les Helvètes sont identiques, tu n’as jamais voyagé en Appenzell, à Genève ou à Uri... Tu comptes te rendre à Zurich? Sache que ses habitants sont toujours pressés. Les Bernois, eux, sont vus comme des gens posés et les Tessinois font figure d’adeptes du style méditerranéen. De leur côté, les Bâlois semblent vanter à longueur d’année leur fameux carnaval, alors que les Argoviens n’ont pas la réputation d’être des conducteurs d’élite. Sans oublier les Vaudois et les Valaisans qu’on présente volontiers comme les rois de l’apéro... Bien sûr, ces descriptions imagées sont en grande partie des stéréotypes. Mais si la Suisse est une mosaïque colorée, c’est aux traits qui caractérisent ses diverses régions qu’elle le doit.
Conclusion: il y a un peu de Suisse (presque) en chacun de nous
Une grande partie de ce qui constitue la Suisse est tellement évidente au quotidien qu’on le remarque à peine. Et pourtant, ces particularités en disent long sur la façon dont nous fonctionnons. Certains aspects peuvent paraître rigides, trop précis ou tout simplement bizarres aux yeux d’observateurs extérieurs. Peut-être te reconnaîtras-tu dans quelques-uns de ces clichés? Peut-être que certains te feront sourire? Ou alors tu as peut-être perfectionné toi-même une des nombreuses manies qu’on attribue aux Helvètes?
N’hésite pas à laisser un commentaire si tu penses à un autre trait de caractère unique des représentants de notre chère Confédération, de ton canton ou de ta région.
Source image de couverture: Unsplash | Clary Garcia
Content Marketing Manager / Rédactrice
Avec ma bucket list d'enfance, j'explore régulièrement de nouveaux lieux, villes ou pays et j'apprécie de découvrir les multiples facettes de l'Europe. Outre mes aventures au loin, la littérature est ma grande passion et j'aime me plonger dans des histoires et des univers captivants. Quand je ne suis pas en voyage, on me trouve en train de goûter avec grand plaisir aux nouveaux spots de brunch dans ma région.
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