
Des cervelas au riz Casimir: un guide gastronomique suisse pas comme les autres
Des classiques incontournables aux spécialités régionales méconnues, la cuisine suisse recèle une richesse insoupçonnée. Même dans le quotidien, nos assiettes se parent d’ingrédients typiquement helvétiques, dont certains restent presque inconnus hors de nos frontières. Pour comprendre ce qui fait la singularité du goût «à la suisse», il faut se pencher sur quelques recettes et produits phares – discrets, mais essentiels.
Non, les Suisses ne se nourrissent pas uniquement de fromage et de chocolat. Et non, la fondue ne trône pas à chaque repas (encore moins en Suisse alémanique), pas plus que le rösti ne règne en maître en Suisse romande. D’autres mets, souvent moins emblématiques, témoignent eux aussi de notre identité culinaire. Beaucoup d’entre eux restent introuvables ailleurs, que ce soit dans les restaurants ou sur les étals des supermarchés.
Aromat
Non, les Suisses ne se nourrissent pas uniquement de fromage et de chocolat. Et non, la fondue ne trône pas à chaque repas (encore moins en Suisse alémanique), pas plus que le rösti ne règne en maître en Suisse romande. D’autres mets, souvent moins emblématiques, témoignent eux aussi de notre identité culinaire. Beaucoup d’entre eux restent introuvables ailleurs, que ce soit dans les restaurants ou sur les étals des supermarchés.
En Suisse, il y a des enfants dont les parents n’ont juré que par la Migros, et d’autres uniquement par la Coop. Il y a aussi ceux qui ont grandi avec du sel… ou de l’Aromat. À l’âge adulte, ils y restent attachés. Changer ses habitudes gustatives? Pas si simple. Et c’est sans doute pour ça que l’Aromat trône encore aujourd’hui sur les tables de tant de restaurants suisses, juste à côté de la salière. Peut-être l’as-tu remarqué – surtout si tu as lu notre article de blog sur les clichés et particularités helvétiques.
Mais au fond, qu’est-ce qu’il a de si suisse, cet Aromat? Et pourquoi est-il si peu connu en Allemagne? Après tout, c’est bien le logo de Knorr qui figure sur la boîte – une marque allemande. Retour en arrière: pendant la Seconde Guerre mondiale, Knorr peine à produire suffisamment de bouillon en cubes pour l’exportation. C’est alors que sa filiale suisse saisit l’opportunité et se lance dans la création d’un produit adapté aux goûts locaux. Pendant des années, les ingénieur·e·s agroalimentaires planchent sur une recette capable de séduire les palais helvétiques. En 1953, l’Aromat voit le jour. Qui l’aurait cru? Si ce condiment jaune laisse la plupart des Européens, Asiatiques ou Américains indifférents, les Sud-Africains, eux, semblent partager cette passion. Là-bas aussi, l’Aromat est devenu un incontournable.
Assaisonnement Maggi
Quelques gènes venus d’un pays voisin n’ont jamais empêché de conquérir les papilles suisses. C’est dans ce contexte qu’entre en scène Julius Maggi, fils d’un entrepreneur du nord de l’Italie et d’une Zurichoise, dont le père siège au Grand Conseil. En 1886, il réalise un coup de maître en inventant un assaisonnement liquide à base de haricots. Ce substitut végétalien au bouillon de viande aurait, dit-on, conservé le même goût qu’à ses débuts, même si personne ne peut véritablement en attester. Pensée à l’origine pour lutter contre la malnutrition dans une classe ouvrière durement exploitée, la sauce s’est imposée, pour les Suisses «tendance», comme une alternative locale à la sauce soja.
Prends une recette, remplace le sel par de l’Aromat et ajoute un trait de Maggi à la fin, ton plat aura alors cette saveur inimitablement suisse. Et pour une touche de suissitude supplémentaire, mise sur une recette du terroir, c’est encore ce qui marche le mieux.
Riz Casimir
Curry, bananes, ananas… voilà un mélange qui évoque immanquablement les mers du Sud. Mais la parenté avec les cuisines locales de ces contrées est à peu près aussi crédible que celle de Lucky Luke avec le Far West. Et pourtant, en Suisse, ce plat connaît un succès durable, peut-être justement à cause de cette fantaisie assumée. Son origine précise reste incertaine, mais dès les années 1940, plusieurs établissements zurichois l’avaient déjà inscrit à leur carte. Bien avant que la chaîne Mövenpick ne s’en empare et le popularise. Une chose est sûre: son inventeur ne s’appelait pas Casimir. Le nom semble plutôt faire écho à la région du Cachemire. Et de fait, la cuisine locale y propose des plats tels que le «Kashmiri Fruit Curry». Finalement, cette association, si étrange en apparence, n’est peut-être pas si saugrenue.
Tagliatelles «Cinque Pi»
Penne, fusilli, conchiglie ou tagliatelles: en Italie, chaque forme de pâte a sa raison d’être. En Suisse, en revanche, les distinctions importent peu, sauf lorsqu’il est question des incontournables «Älplermakkaroni», les macaronis à la montagnarde. Pour la «Cinque Pi», une sauce bien de chez nous, peu importe la forme des pâtes: l’essentiel tient en cinq ingrédients faciles à retenir… à condition d’avoir quelques notions d’italien. Le nom de la recette, «Cinque Pi», en donne la clé: pomodori (tomates), panna (crème), pepe (poivre), prezzemolo (persil) et parmigiano (parmesan). Une formule simple, presque mnémotechnique. Et une recette que j’ai tant répétée à une époque que je ne peux plus la voir en peinture. Et pourtant, je suis Suisse! Alors… pour moi, ce sera un riz Casimir, s’il vous plaît!
Cervelas
Dans certaines régions de Suisse, les spécialités locales évoquent d’abord… des saucisses, bien avant le fromage ou le chocolat. Le canton de Vaud, notamment, fait figure de terre promise pour les amateurs de charcuterie. On y savoure le célèbre saucisson vaudois, mais aussi le boutefas, une pièce imposante, pouvant peser plusieurs kilos. Parmi toutes ces spécialités, une saucisse règne en maître sur les papilles helvétiques: le cervelas. Chaque année, pas moins de 160 millions d’exemplaires sont consommés à travers le pays, soit environ vingt par habitant. Et si toi tu n’en manges pas, il y a fort à parier que ton voisin compense pour deux. Cela dit, rares sont celles et ceux qui le considèrent comme un sommet de la gastronomie. Il est simplement… incontournable. À tel point qu’en Suisse alémanique, on surnomme parfois les figures semi-connues du paysage médiatique des «célébrités cervelas». Son nom vient d’ailleurs du mot cerveau ou cervelle, qui constituait autrefois l’un des ingrédients utilisés dans sa fabrication, mais qui a depuis longtemps disparu de la recette.
Rivella
Le 1er Août, le cervelas – que l’on aime griller au feu de bois – est à l’honneur. Et pour l’accompagner, que choisis-tu? Une bière?! Peut-être, mais pourquoi pas un Rivella? Certes, la Suisse produit d’excellentes bières, mais elle n’en détient pas la paternité. En revanche, le Rivella, lui, est bien une invention helvétique. S’il ne jouit pas de la renommée internationale de la bière, il compte des adeptes fervents, notamment aux Pays-Bas. Et puis, il contient un ingrédient typiquement helvétique: le lactosérum, dérivé de notre incontournable amie, la vache. L’idée a vu le jour dans les années 1950 sous l’impulsion de Robert Barth, alors étudiant à Rapperswil, qui rêvait de créer une boisson inédite. Le pari fut audacieux – et couronné de succès. D’ailleurs, savais-tu que le Rivella bleu, sans sucre, existait bien avant le Coca light? Alors, à la tienne… et à la Suisse!
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