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Ouija: une étrange fascination entre fun et frissons

16.09.2025

Jeu festif inoffensif ou moyen de communication avec l’au-delà? La planche de Ouija, également appelée «planche des esprits» ou «witch board», provoque la chair de poule depuis plus de 150 ans. Des séances de spiritisme du XIXe siècle aux films d’horreur, en passant par les tendances TikTok: pourquoi cette mystérieuse planche nous fascine-t-elle toujours autant aujourd’hui?

Une soirée ordinaire entre amis. Lumière tamisée, bougies allumées. Tous les regards sont tournés vers une planche en bois sur laquelle sont inscrites des lettres. Chaque personne pose son doigt sur un petit morceau de bois percé d’un trou en son centre. Et soudain, il se met étrangement à bouger. Ce qui n’était au départ qu’un jeu banal bascule subitement dans le paranormal. La planche de Ouija permet-elle vraiment d’invoquer les esprits?

Internet regorge d’histoires troublantes à ce sujet: des noms d’entités spirituelles qui s’épellent d’eux-mêmes, des bruits de pas sur des planchers grinçants, des silhouettes fantomatiques dans le coin d’une pièce ou des prédictions étonnamment précises. Pour certain·e·s, c’est un signe indéniable d’une présence intangible. Pour d’autres, il ne s’agit que d’un jeu procurant des sensations fortes. Et puis il y a celles et ceux pour qui une mise en garde s’impose: pas touche à la planche de spiritisme, sous peine d’ouvrir une porte vers l’au-delà.

Une planche de Ouija, c’est quoi exactement?

Peu importe le nom qu’on lui donne, une planche de spiritisme se présente toujours de la même façon: un rectangle avec les 26 lettres de l’alphabet, les chiffres de 0 à 9 ainsi que les mots «Oui», «Non» et «Au revoir». Elle est accompagnée d’un petit morceau de bois, appelé «planchette», troué au centre. Les règles du jeu sont simples: placer le bout de son doigt sur la planchette, poser une question et les esprits s’occupent (soi-disant) du reste.

Les débuts: séances de spiritisme et escroquerie

À partir des années 1850, le spiritisme est devenu tendance en Europe et de l’autre côté de l’Atlantique. Il était fondé sur la croyance en l’existence d’un univers des esprits, parallèle à notre monde réel, et avec lequel il était possible d’entrer en contact lors de séances. Établir ce lien avec l’au-delà nécessitait une personne douée d’un don particulier (appelée «médium») ou des accessoires tels qu’une planche de Ouija.

Les sœurs new-yorkaises Fox font partie des premières célébrités adeptes de ces pratiques. Elles prétendaient communiquer avec les esprits par le biais des coups frappés, mais cela s’est avéré être une supercherie. La photographie spirite était également très populaire: grâce à la double exposition, il était possible de faire apparaître des silhouettes spectrales sur les clichés. Dans certains cas, il s’agissait d’un simple divertissement, dans d’autres, d’une affaire lucrative avec des personnes endeuillées souhaitant une photo avec leurs défunt·e·s.

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Une simple astuce suffit à faire apparaître des silhouettes fantomatiques sur les photos. Source: Unsplash | Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa

Des salons privés aux studios hollywoodiens

À l’époque, la fascination pour le spiritisme s’expliquait facilement: la mortalité infantile était élevée, de nombreuses femmes mouraient en couches et beaucoup d’hommes périssaient pendant la guerre de Sécession. On comprend donc pourquoi le désir d’entrer une dernière fois en contact avec les personnes décédées était si fort.

Le spiritisme a également annoncé l’avènement de la planche de Ouija. En 1886, la «planche parlante» a été mentionnée pour la première fois dans les journaux américains. Brevetée peu de temps après par l’avocat Elijah Bond, elle a été commercialisée aussi bien comme un oracle mystique que comme un jeu de société familial... avec une touche de surnaturel. C’est ainsi qu’elle s’est fait une place dans nos salons.

Pendant des décennies, la planche de Ouija n’était rien d’autre qu’un objet de curiosité inoffensif dans le monde de la culture populaire: mystérieuse, fascinante, mais nullement dangereuse. Les choses ont changé en 1973, avec la sortie du film d’horreur «L’Exorciste». Dans ce classique, un démon prend possession de Regan, une fillette de 12 ans, après qu’elle a joué avec une planche de Ouija. Presque du jour au lendemain, cette dernière a été perçue comme un outil démoniaque et a inspiré de nombreux films et séries d’horreur tels que «Witchboard», «Paranormal Activity» ou «Supernatural».

Psychologie ou phénomène paranormal?

Pour la science, rien n’est inexplicable. Les mystérieux mouvements de la planchette ne sont pas l’œuvre des esprits; c’est bel et bien nous qui les provoquons.

Ce phénomène s’expliquerait par l’effet idéomoteur; un terme composé de «idea» (idée, pensée) et de «motor» (moteur), et qui décrit le fait que nos attentes peuvent déclencher des mouvements inconscients. Ainsi, la personne qui pose son doigt sur la planchette la déplace sans s’en apercevoir. Lors d’une séance en groupe, chaque individu apporte sa contribution, de sorte que le morceau de bois glisse sur la planche presque comme s’il était guidé par une main invisible.

À cela s’ajoute le sentiment de contrôle. En temps normal, nous sommes parfaitement conscient·e·s que nous sommes responsables d’une action: par exemple, si nous avons l’intention de soulever notre verre, notre verre se soulèvera. Dans le cas de la planche de Ouija, il y a un décalage entre les attentes et le résultat observé. Les participant·e·s sont dans un état de conscience altéré et ont l’impression que les mouvements produits sont l’œuvre de forces extérieures.

Un autre facteur à ne pas sous-estimer est la contagion émotionnelle. En effet, lorsque tous les regards sont rivés sur la planche éclairée à la lueur des bougies, l’excitation et la nervosité deviennent contagieuses. Cette surenchère peut mener à interpréter le moindre mouvement comme un message surnaturel.

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La lueur des bougies, les regards pleins d’attente et les doigts sur la planchette: les planches Ouija fascinent encore aujourd’hui. Source: Adobe Stock | 644176432

Pourquoi les planches Ouija fascinent-elles toujours aujourd’hui?

Que tu croies ou non aux fantômes, la planche Ouija n’a rien perdu de son caractère fascinant. Participer à une séance de spiritisme, c’est plonger dans une expérience qui mêle mystère, adrénaline et esprit de groupe. Dans la culture populaire, cette pratique oscille depuis longtemps entre frisson et divertissement: tantôt un jeu festif inoffensif, tantôt un outil démoniaque. Pas étonnant donc qu’elle revienne régulièrement sur le devant de la scène!

En observant le passé, on remarque que l’intérêt pour le surnaturel croît souvent en période d’incertitude. Compte tenu de la conjoncture mondiale actuelle, il est donc tout à fait possible que les séances de spiritisme du XIXe siècle reviennent en force. Ou du moins dans leur version moderne: sur TikTok.

Source image de couverture: Unsplash | Colton Sturgeon

Eliane Lee

Marketing Manager Editorial Content

J'aime me plonger dans d'autres mondes, que ce soit à travers des histoires passionnantes, en voyageant dans des pays et des cultures lointains ou dans mon propre petit jardin - je suis toujours en quête de découvertes. Et quand il est temps de se détendre, vous me trouverez sur mon tapis de yoga ou avec un bon livre à la main.

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