Shining en Engadine

Un décor au diapason

Le sanatorium du Val Sinestra a été inauguré au début du XX^e siècle. Sa situation isolée, au cœur des montagnes grisonnes, était idéale pour la détente, et les six sources minérales de la région étaient considérées comme des traitements miraculeux. Des malades de toute l’Europe se rendaient ainsi en Basse-Engadine pour profiter de l’air pur et d’une eau riche en arsenic. Toutefois, si certain·e·s passaient plusieurs mois dans cet environnement pittoresque, il n’existait, hélas, aucune garantie de guérison. Le déclin du tourisme thermal scella le destin des bains dont l’exploitation fut stoppée en 1972.  

Aujourd’hui, même si l’étage des soins du Val Sinestra est désaffecté, le bâtiment n’est jamais vraiment vide. Les longs couloirs, les salles imposantes et les parquets sombres sont les témoins muets d’une époque ayant engendré son lot d’histoires et d’anecdotes mystérieuses. On rapporte ainsi des bruits sourds pendant les heures nocturnes, des portes qui s’ouvrent sans raison apparente et des sons inexplicables.  

La réouverture

Lorsque l’entrepreneur néerlandais Peter Kruit devient propriétaire du bâtiment, il n’a aucune notion de son passé. Dès sa première visite, il est toutefois témoin d’un événement mystérieux qui le laisse pantois: à peine la porte s’est-elle refermée que des bruits forts résonnent dans le couloir. Une autre fois, alors qu’il revient à l’hôtel, il aperçoit de la lumière clignoter aux fenêtres... bien que personne ne se trouve à l’intérieur. Pour lui, c’est une évidence: une entité, avec laquelle lui et son épouse ont appris à vivre au cours des années, hante les murs du Val Sinestra. 

Le client invisible

Le mystérieux client invisible dont beaucoup semblent ressentir la présence a été baptisé Hermann. Qui est-il vraiment? Impossible à dire. Les livres d’or et les dossiers des patient·e·s ont été détruits depuis longtemps. On raconte qu’Hermann était un·soldat belge ayant vécu plusieurs mois au Val Sinestra et ayant essayé toutes sortes de traitements, jusqu’à ce qu’il·décède de la tuberculose peu avant la Seconde Guerre mondiale. Selon les client·e·s et les employé·e·s, il n’aurait jamais totalement disparu. La preuve? Des horloges qui tombent sans raison, des portes qui claquent... et une présence particulièrement marquée dans la chambre numéro 5. Les chasseurs·euse·s de fantômes ont tenté d’expliquer les apparitions, mais les éléments tangibles ont toujours fait défaut. Les seuls indices troublants sont des photos avec des taches mystérieuses ou des clichés s’évanouissant soudainement. 

Pour la propriétaire actuelle de l’hôtel, Hermann n’est pas un épouvantail, mais (presque) un membre du personnel. «Sans Hermann, le Val Sinestra ne serait qu’un bâtiment vide», confie-t-elle dans un reportage de la SRF (en allemand). Elle le décrit comme enjoué, parfois exigeant, mais en aucun cas malveillant. Quand les client·e·s sont nombreux, il se tient à carreau. En basse saison, en revanche, quand tout est plus calme, il semble se faire remarquer, comme s’il cherchait à attirer l’attention. 

Quand le doute s’installe... 

Il y a quelque chose d’indéfinissable dans l’hôtel Val Sinestra. Entre les portes et les planchers grinçants, les couloirs déserts et les lumières vacillantes, il y flotte un soupçon de passé qui refuse de s’effacer complètement. Mes collègues Joy et Stephi ont pris leur courage à deux mains et y sont restées une nuit... se demandant parfois si elles étaient vraiment seules. Tu veux voir par toi-même? La vidéo de leur aventure se trouve ici. 

Destination prisée

Le Val Sinestra n’est ni un musée ni une ruine abandonnée. C’est un hôtel ordinaire ayant gardé son agencement d’origine: meubles simples, lavabo dans les chambres, toilettes et douches communes dans le couloir. Et s’il est particulièrement populaire auprès des touristes néerlandais et allemands, de nombreux·ses Suisses s’y rendent aussi régulièrement à l’occasion de mariages ou d’événements de groupe ou encore pour profiter quelques jours des montagnes de l’Engadine. Celles et ceux qui le souhaitent peuvent ainsi s’imprégner de l’atmosphère traditionnelle du bâtiment pendant la journée avant d’y passer la nuit. Et qui sait, peut-être trouveront-ils une réponse à leurs questions. Est-ce le vent qu’on entend dehors? Ou ce sifflement vient-il de l’intérieur de l’hôtel? 😉 

Idéal pour Halloween

Le Val Sinestra est un lieu mêlant histoire, nature et mysticisme. Témoin de l’âge d’or des sanatoriums suisses, il est aussi une destination incontournable pour les amateur·rice·s de sensations fortes... et donc idéal à visiter en période d’Halloween! 👻 

Source image de couverture: Andy Was Right