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Petite histoire des performances ratées à l’Eurovision

13.05.2025

L’Eurovision a toujours été le théâtre de moments résolument «trash». Voici une sélection des fiascos les plus marquants de l’histoire du concours.

Tu regardes l’Eurovision en espérant des fous rires ou des moments à faire rouler des yeux? Mais avant d’y parvenir, il te faudra traverser une pléthore de performances lisses, certes impeccables… mais rarement transcendantes. Pour te faire gagner du temps, nous avons rassemblé les pires moments du concours, soigneusement classés par ordre chronologique.

Pas de favoritisme national! Une règle bien établie règne depuis des décennies à l’Eurovision: on ne vote pas pour son propre pays. Ainsi, à l’instar de notre article sur les performances inoubliables de l’Eurovision, nous gardons donc une neutralité bienveillante envers les candidats suisses. Cela dit, difficile de résister à l’envie de quelques traits d’humour ou de clins d’œil piquants. Pour cela, direction notre article dédié: «La Suisse et l’Eurovision: une histoire en demi-teinte».

1976: Biggi Bachmann, Liechtenstein

L’interprète n’est en rien responsable de cet échec cuisant. Le Liechtenstein n’a même pas récolté le tristement célèbre «zéro point» – pire, sa candidature n’a tout simplement pas été retenue. Pourtant, tous les ingrédients semblaient réunis pour une première participation à l’Eurovision: avec «My Little Cowboy», Biggi Bachmann devait porter les couleurs du pays pour son entrée dans la compétition. Mais un détail crucial avait échappé à l’attention générale: le règlement exige qu’une chaîne de télévision ou une radio nationale parraine l’inscription. Or, manque de chance, à cette époque, le Liechtenstein ne possédait ni l’un ni l’autre. Les organisateurs, intransigeants, refusèrent toute exception. À ce jour, le pays n’a jamais participé au concours. Quant à Biggi Bachmann, elle retenta sa chance lors des sélections suisses de 1979... sans succès.

1978: Jahn Teigen, Norvège

Chanson populaire pleine d’émotion? Opérette? Rock? Ou simple exercice d’autodérision? Sur scène, Jahn Teigen en fait des tonnes, comme s’il cherchait à révéler une nouvelle facette de son talent à chaque couplet, à chaque refrain, le tout ponctué de gestes appuyés et de mouvements théâtraux. Ce n’est qu’à la fin, lorsqu’il se met à tirer sur ses bretelles au rythme de la musique, que l’idée d’une performance volontairement burlesque commence à faire sens. Il conclut sa chanson par un saut en grand écart parfaitement exécuté, mais le verdict est déjà tombé. Même la traditionnelle solidarité scandinave fait défaut: Suédois, Danois et Finlandais, eux aussi en compétition, snobent ostensiblement leur voisin norvégien au moment du vote. Jahn Teigen entre ainsi dans l’histoire comme le premier candidat, depuis l’instauration du nouveau système de points en 1975, à repartir sans le moindre point. Et les Norvégiens? Ils lui réservent un accueil triomphal. Pour réparer l’affront, ils propulsent sa chanson en tête des charts nationaux.

1982: Kojo, Finlande

Avec sa chanson «Nuku pommiin», Timo Kojo, plus connu sous le nom de Kojo, a fait les frais d’un timing malheureux lors de l’Eurovision 1982, organisée à Harrogate, dans le nord de l’Angleterre. Sa performance, entachée de quelques fausses notes, n’était certes pas irréprochable. Mais si le chanteur est rentré chez lui sans récolter un seul point, c’est avant tout parce que son univers résolument rock tranchait trop avec les goûts conservateurs des jurys de l’époque. Il faudra patienter encore de longues années avant que le genre ne s’impose enfin avec la victoire de Lordi. Cela dit, si Kojo avait engrangé quelques points, il ne serait sans doute pas devenu la légende qu’il est aujourd’hui en Finlande. Son nom reste d’ailleurs gravé dans le langage courant: un match nul 0-0 en hockey sur glace – discipline reine en Finlande, loin devant le football – se dit encore aujourd’hui un «Kojo-Kojo».

1988: Wilfried, Autriche

Wilfried semble avoir tiré les enseignements de son passage à l’Eurovision en 1988, où le rocker défendait une ballade au ton quelque peu mièvre. L’exercice était loin de lui correspondre: après avoir été, entre autres, le premier chanteur du groupe satirique «Erste Allgemeine Verunsicherung», qui connaîtra plus tard un immense succès, il avait séduit la jeunesse au début des années 80 avec un mélange de punk rock et de «Neue Deutsche Welle». Mais soyons honnêtes: le pseudonyme «Wilfried» n’évoque-t-il pas davantage un interprète de Schlager? Quelles que soient ses motivations, l’Autrichien s’est retrouvé en 1988 sur la scène du concours, alors encore très formaté, avec un morceau taillé pour l’occasion. Problème: sa voix, idéale pour le punk et la pop caustique, s’accorde mal aux mélodies sirupeuses. Résultat? Un score final de zéro point – sans grande surprise.

2002: Michalis Rakintzis, Grèce

Avis aux amateurs de «trash» assumé: voici un cas d’école réservé aux nostalgiques les plus endurcis de l’Italo-disco. Ce genre culte des années 80, marqué par des voix hasardeuses et un anglais approximatif continue d’avoir ses adeptes. Pourtant, même les plus fervents défenseurs du style ont dû rester perplexes lorsque la Grèce, en 2002, a présenté à l’Europe une curiosité musicale digne des archives les plus improbables. Et pour ne rien arranger, Michalis Rakintzis et ses acolytes grimés en guerriers cybernétiques ont exécuté une chorégraphie cocasse avec un sérieux désarmant. Anachronique à souhait, cet ovni musical a pourtant décroché une 17ᵉ place sur 24, sans doute grâce à un synthétiseur obstinément accrocheur.

2003: Jemini, Royaume-Uni

Sous les yeux et les oreilles incrédules du public réuni à Riga, la capitale lettone, et de millions de téléspectatrices et téléspectateurs à travers toute l’Europe, c’est précisément la vénérable nation de la pop, le Royaume-Uni, qui livre l’une des prestations les plus embarrassantes de l’histoire de l’Eurovision. Deux facteurs expliquent ce naufrage: d’abord, la chanteuse Gemma Abbey est littéralement tétanisée par le trac. Ensuite, la chanson «Cry Baby» repose sur une ligne de basse terne, incapable de soutenir la mélodie. Dès la première note, Gemma Abbey chante faux et se débrouille tant bien que mal jusqu’au premier refrain, totalement déconnectée de la tonalité du playback. L’arrivée de son partenaire, Chris Cromby, ne redresse en rien la barre. Rarement la scène de l’Eurovision aura-t-elle accueilli une prestation aussi approximative; ni le style vestimentaire ni les efforts de chorégraphie ne parviennent à sauver l’ensemble. Résultat: un zéro pointé sans appel pour le duo. Le fiasco est tel que le label les congédie sur-le-champ.

2007: Scooch, Royaume-Uni

Chers Britanniques, permettez-moi de le dire avec franchise: j’ai une profonde admiration pour votre héritage musical. Aucun autre pays ne domine autant ma collection de disques. Pourtant, il arrive que vous traitiez le reste de l’Europe comme un désert musical. Je comprends que vous ne souhaitiez pas sacrifier vos plus grandes stars sur l’autel de l’Eurovision. Mais fallait-il pour autant nous infliger une prestation aussi puérile? En 2007, Scooch et son «Flying the Flag» mise sur une scénographie oscillant entre parodie de personnel de bord et imitation d’avion. Résultat? Un ennui palpable, sanctionné par le public et les jurys avec une 22ᵉ place, un échec aussi prévisible que mérité.

2017: Manel Navarro, Espagne

Quand on a une tessiture limitée et un registre vocal incertain, mieux vaut éviter les prouesses vocales. Manel Navarro, pourtant, tente l’impossible: dans le bref interlude précédant le final de «Do it for your lover», il se lance dans un cri rocailleux en voix de tête et s’écroule aussi pitoyablement qu’un chanteur de karaoké moyen qui s’essaie pour la première fois à un classique du rock. Avec une interprétation plus sobre, sa prestation aurait peut-être glissé discrètement vers le bas du classement. Mais cette audace malheureuse a scellé son sort: l’Espagne échoue à la dernière place, sans le moindre point du jury. Pour éviter l’ennui, zappe directement à 2:20 dans la vidéo.

L’Eurovision, bien plus que du «trash»

Tu grimaces à l’évocation de l’Eurovision et tu n’as pas regardé le concours depuis des années? Il se pourrait bien que tu aies manqué des moments scéniques d’une rare intensité… Découvre une sélection de performances marquantes sur notre blog: Les performances inoubliables de l’Eurovision

Source image de couverture: Unsplash | Matthias Wagner

Yves Lenzin

Content Marketing Manager

L'écriture est ma profession et ma passion. J'aime me consacrer aux sujets et aux formes de texte les plus divers et acquérir des connaissances spécialisées dans tous les domaines possibles en effectuant des recherches. Outre le fait que je rédige des contenus de blogs et de guides pour Brack.Alltron, je suis également un historien actif.

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