
Plus de piranhas, moins de blabla: pourquoi Mercredi nous inspire-t-elle autant?
En 2022, une héroïne un peu particulière a fait son apparition sur nos écrans: Mercredi Addams. Avec son regard impassible, son sens de la répartie empli de cynisme et son style gothique reconnaissable entre mille, elle est devenue en peu de temps un phénomène mondial. La série éponyme a explosé tous les records et a pris TikTok d’assaut. Mais pourquoi Mercredi fascine-t-elle autant?
Une fascination née il y a plus de 80 ans
L’histoire de la Famille Addams a commencé en 1938, lorsque le dessinateur Charles Addams a publié pour la première fois une bande dessinée de sa famille étrange et morbide dans le magazine «The New Yorker». Les Addams représentaient une satire caustique des idéaux familiaux américains: sombres, excentriques, mais néanmoins attachants.
Depuis, avec une série en noir et blanc dans les années 1960, des films cultes dans les années 1990 et un spin-off actuellement disponible sur Netflix, cette étrange famille est devenue un phénomène de la culture pop. Plus de huit décennies plus tard, la fascination reste intacte, et la série «Mercredi» s’est classée numéro un dans 83 pays dès la première semaine. Selon Netflix, il s’agit même de la série anglophone la plus regardée de tous les temps.
L’approche Netflix
En mettant l’accent sur la fille emblématique de la famille Addams, Netflix parvient à créer un équilibre subtil entre le charme sombre intemporel et une approche moderne du récit initiatique.
Le cadre dans lequel s’inscrit la série nous est tout à fait familier: une école pour jeunes gens aux capacités spéciales, des créatures magiques et de sombres secrets. Quiconque, à 13 ans, attendait avec impatience de recevoir une lettre de Poudlard se sent immédiatement dans son élément. Du moins jusqu’à l’arrivée de Mercredi...
Car si Harry Potter est un élu, Mercredi, elle, est tout le contraire: il s’agit d’une marginale autoproclamée. Elle refuse catégoriquement les conventions sociales, l’attachement émotionnel et les likes numériques. Ce qu’elle pense des réseaux sociaux? Ils «aspirent vos âmes dans un grand espace vide et sans intérêt.»
Une marginale parmi les marginaux
La toute première scène de la série annonce d’emblée la couleur: lorsque son petit frère est harcelé par des joueurs de polo à l’école, Mercredi jette un sac de piranhas dans la piscine en précisant: «La seule personne autorisée à torturer mon frère, c’est moi.»
Ensuite, direction Nevermore, un pensionnat pour «marginaux». Ceux qui atterrissent ici ne répondent à aucune norme; ils sont loups-garous, sirènes ou encore gorgones. Mais même au milieu de ces créatures surnaturelles, Mercredi reste une marginale. Et pourtant, au cours de la première saison, elle développe tout doucement des amitiés et apprend même à mieux se comprendre. On pourrait penser qu’il s’agit d’un récit initiatique des plus classiques, mais «Mercredi» est bien plus que cela.
L’adolescence à la sauce Tim Burton
La série «Mercredi» mélange habilement les genres et parvient ainsi à susciter l’intérêt bien au-delà de son public cible présumé jeune.
Il y a tout d’abord les éléments familiers de l’environnement scolaire: les clans, les premiers flirts, les jalousies et, bien sûr, l’incontournable bal de l’école, qui engendrera la scène la plus virale de la série: la danse mémorable et singulière de Mercredi a été imitée des millions de fois sur les réseaux sociaux – même Madonna et Lady Gaga ont suivi le mouvement.
Mais les amateur·rice·s d’ambiance sombre y trouvent aussi leur compte. Tim Burton, le maître du morbide, a réalisé les quatre premiers épisodes et on reconnaît sa patte inimitable. La série n’y va pas de main morte avec les éléments effrayants, entretient le suspense et amène le public à se poser des questions: qui est le monstre? À qui faire confiance?
Et puis, bien sûr, il y a l’humour caustique incomparable de Mercredi. Quand elle est enlevée et qu’elle parvient sans surprise à se libérer, elle commente sèchement: «Ce sont des amateurs comme vous qui donnent mauvaise réputation au kidnapping.»
Embrace your weirdness
La série est clairement portée par sa protagoniste. Mercredi Addams représente plus que tout autre personnage la différence, l’anticonformisme et l’excentricité sans compromis. Elle est introvertie, directe, antisociale et totalement hermétique à ce que les autres pensent d’elle. Dans un monde qui fait sans cesse l’apologie de la conformité, des likes et de l’optimisation de soi, son attitude est une véritable bouffée d’air frais.
Elle danse comme bon lui semble. Elle dit tout haut ce que les autres pensent tout bas. Et elle ne répond à aucune attente, sauf aux siennes. Les jeunes femmes, en particulier celles qui se sentent elles-mêmes marginalisées, s’identifient à cette héroïne qu’elles considèrent comme un modèle, une figure qui leur prouve qu’on peut être différent.
Pourtant, Mercredi est loin d’être un personnage unidimensionnel. Elle a certes un côté obscur, mais elle est aussi animée par un profond sens de la justice. Elle se bat pour d’autres marginaux, affronte le mal et commence (non sans réticence!) à nouer des amitiés. Mercredi s’ouvre et évolue tout en restant fidèle à elle-même. Et c’est précisément ce qui fait d’elle une (anti)héroïne comme on les aime.
Le casting parfait
Il faut bien le dire, la série «Mercredi» n’a pas reçu que des éloges. Les mauvaises langues dénoncent une intrigue trop prévisible, trop de drame sur fond de scolarité et un monstre plus proche du dessin animé que de la créature censée donner la chair de poule. Un point fait tout de même presque l’unanimité: Jenna Ortega incarne parfaitement Mercredi Addams. Avec sa nature cool, ses répliques sèches et sa présence glaciale, Jenna Ortega captive le public.
Peut-être parce qu’elle a plus de points communs avec Mercredi qu’on ne le pense. Ortega se décrit comme quelqu’un d’introverti, amatrice d’humour noir et familière des films d’horreur. Avant «Mercredi», elle était en effet déjà apparue dans les films «X» et «Scream».
L’actrice a tout de même eu du mal à gérer l’attention soudaine et la pression qui ont suivi le succès de la série «Mercredi». Pour essayer de se soustraire un peu de l’agitation médiatique, elle a acheté un téléphone portable à clapet et a pensé à faire une pause. Quand on lui demande ce que Mercredi penserait de toute cette frénésie autour de la série, Ortega répond: «Elle a des tasses et des t-shirts à son effigie – oh là là, elle détesterait ça.»
La deuxième saison intègre ce clin d’œil méta avec humour: dans la bande-annonce, Mercredi rencontre son fan-club à Nevermore. Le potentiel ironique semble donc également bien présent dans la prochaine saison. À part ça, le trailer promet du mystère, de l’amitié et quelques scènes macabres, sans oublier «La Chose», cette main qui a déjà volé la vedette à tout le monde dans la première saison.
On a tous quelque chose en nous de Mercredi
Dans la deuxième saison, Jenna Ortega endossera à nouveau le rôle principal et sera également coproductrice. Nous sommes impatients de découvrir de nouvelles facettes de ce personnage emblématique, mais une chose est quasiment sûre: elle restera fidèle à sa nature singulière. Et c’est ce qui fait son charme. Elle dit ce que les autres n’osent pas dire. Elle est différente et fière de l’être.
Alors la prochaine fois que nous nous contenterons de sourire poliment, alors que nous mourons d’envie de lâcher des piranhas dans une piscine, nous penserons à elle. Et nous nous dirons: «Si seulement j’avais un petit côté Mercredi...»
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Source image de couverture: Sora AI
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