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GPT-5 et la fin de l’amabilité

21.08.2025

La nouvelle version de ChatGPT est arrivée. Elle se veut plus intelligente, plus sûre et moins servile. Mais le débat ne porte pas tant sur ses avancées techniques que sur l’étrange impression laissée par un chatbot soudain privé d’amabilité.

Ce que promet GPT-5

OpenAI décrit cette version comme un véritable saut en avant. Selon Sam Altman, son PDG, c’est la première fois qu’un modèle donne l’impression d’avoir en face de soi un expert, docteur dans sa discipline. Le nouveau modèle est censé rédiger de meilleurs textes, produire des codes plus propres, réduire les hallucinations et exécuter des instructions complexes avec davantage de fiabilité. Il serait aussi plus sûr et moins enclin à complaire. Ce dernier point n’est pas anodin. La version précédente de ChatGPT cherchait tant à plaire à ses utilisatrices et utilisateurs qu’elle livrait parfois des réponses erronées, voire dangereuses. 

La principale innovation technique de GPT-5 tiendrait à l’introduction d’un «routeur». Celui-ci détermine si une requête doit être traitée par un modèle «raisonneur» ou par un modèle plus simple. En d’autres termes, GPT-5 évalue la complexité d’une question et la puissance de calcul nécessaire pour y répondre.

Une optimisation qui, selon certains observateurs, vise surtout à réduire les coûts pour OpenAI: dans la majorité des cas, les requêtes seraient confiées par défaut aux modèles les moins onéreux. Pratique pour l’entreprise, moins pour les utilisatrices et utilisateurs, qui espèrent d’un système aussi avancé des réponses à la hauteur de ses promesses.

Reste que c’est surtout la nouvelle «personnalité» de ChatGPT qui suscite le plus de réactions.

La fine frontière entre amabilité et flatterie

L’ancienne version de ChatGPT souffrait d’un défaut majeur: une tendance à la flatterie. Chaque idée était accueillie comme une invention majeure, chaque requête valorisée à l’excès. Problème: comme le modèle disait souvent «oui» même quand ce n’était pas nécessaire, il produisait parfois de fausses informations. Et cela pouvait vite devenir dangereux, par exemple lorsqu’il donnait de mauvais conseils médicaux.

OpenAI avait donc de bonnes raisons de corriger le tir. Mais l’entreprise n’avait sans doute pas anticipé l’ampleur du contrecoup. Car le nouveau ton adopté par GPT-5, beaucoup plus sobre, ne fait pas l’unanimité. Le compagnon enjoué et chaleureux d’hier s’est mué en assistant distant, presque formel. De nombreux utilisateurs et utilisatrices regrettent soudain le charme et la chaleur de l’ancien chatbot. Certains qualifient même GPT-5 d’ennuyeux et sans vie. Sur Reddit, un commentaire résume avec une pointe de tragédie ce sentiment de rupture: «Bring back 4o, GPT-5 is wearing the skin of my dead friend» («Rendez-nous 4o, GPT-5 porte la peau de mon ami défunt»).

Ces réactions traduisent une réalité frappante: beaucoup se sentent désormais liés émotionnellement à ces outils d’IA. Pour eux, un chatbot n’est pas seulement un outil numérique, mais aussi un·e interlocuteur·trice, un·e partenaire créatif·ve, parfois même un·e confident·e. Et c’est précisément ce lien que certains estiment avoir perdu du jour au lendemain avec GPT-5. 

La tendance à humaniser les choses

Nous cajolons nos plantes d’intérieur, donnons un prénom à notre aspirateur-robot ou tentons de raisonner une imprimante récalcitrante: les humains ont cette propension à attribuer des traits humains aux objets. Il n’est donc pas surprenant que ce réflexe s’exprime aussi face aux systèmes d’intelligence artificielle. Nous engageons avec eux de longues conversations, ponctuons nos requêtes d’un «s’il te plaît» ou d’un «merci», une politesse qui aurait même coûté plusieurs millions supplémentaires à OpenAI.

Mais cette humanisation pose un problème: elle installe un rapport de confiance là où il ne devrait pas exister. Un chatbot ne pense pas: il se contente de simuler avec brio. Ses réponses ne sont pas des vérités, mais des probabilités statistiques. L’IA ne distingue pas le vrai du faux. Voilà pourquoi ChatGPT peut livrer, avec une assurance désarmante, des affirmations complètement erronées.

Nous oscillons alors entre scepticisme et fascination, tout en laissant ces outils s’immiscer étonnamment près de nous. Peut-être parce que l’amabilité fait partie de nos valeurs fondamentales: nous attachons de l’importance non seulement à ce qui est dit, mais aussi à la manière dont cela est formulé. En ce sens, la façon dont nous traitons l’IA reflète surtout nos propres valeurs. Finalement, notre réaction à GPT-5 en dit bien plus sur nous que sur la machine.

Retour à plus d’amabilité

OpenAI a d’ailleurs reconnu à quel point cette dimension relationnelle compte pour les utilisatrices et utilisateurs, habitués à la «personnalité» de ChatGPT. Face au mécontentement, l’entreprise a fait marche arrière: la version 4o a été réintroduite comme option pour les abonné·e·s payant·e·s, et GPT-5 devrait à son tour bénéficier d’une mise à jour visant à le rendre plus chaleureux et aimable – sans tomber dans l’excès de complaisance. Reste à savoir si cet exercice d’équilibriste saura convaincre.

 

Source image de couverture: Unsplash | Emiliano Vittoriosi

Eliane Lee

Content Marketing Manager

J'aime me plonger dans d'autres mondes, que ce soit à travers des histoires passionnantes, en voyageant dans des pays et des cultures lointains ou dans mon propre petit jardin - je suis toujours en quête de découvertes. Et quand il est temps de se détendre, vous me trouverez sur mon tapis de yoga ou avec un bon livre à la main.

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