Les échecs rendent-ils plus intelligent?

Jouer aux échecs, c’est un peu comme résoudre une équation complexe. L’esprit s’active, focalisé, pendant que tout le reste s’efface. Il n’est donc pas déraisonnable d’imaginer que ce jeu ait un impact positif sur nos facultés cognitives. Mais les échecs rendent-ils réellement plus intelligent? Et si oui, de quelle manière?

C’est ce que nous allons explorer.

Affûte ton esprit, coup après coup

Les échecs sont faits pour les esprits vifs, c’est une évidence. Pendant une partie, on s’exerce, presque sans y penser…

• La pensée stratégique: jouer aux échecs, c’est reconnaître des schémas, anticiper les mouvements, décomposer des situations complexes et les analyser méthodiquement.
• La capacité à résoudre des problèmes: pendant la partie, ton adversaire te confronte à de nouveaux défis qu’il te faut surmonter.
• La mémoire: en mémorisant ouvertures, motifs tactiques et plans de jeu, tu renforces ta mémoire à long terme. En parallèle, ta mémoire de travail est sans cesse sollicitée pour t’adapter aux positions changeantes et aux intentions adverses.
• La concentration: pour gagner, tu dois rester totalement concentré·e sur la partie. Cela implique une attention constante et la capacité à ignorer les distractions.

Autant de compétences essentielles qui constituent le socle de l’intelligence cognitive.

Que disent les études sur le sujet: échec ou mat?

L’idée selon laquelle les échecs rendent plus intelligent semble aller de soi. De nombreuses études abondent dans ce sens, mais les résultats doivent être nuancés. Une méta-analyse effectuée en 2016, regroupant 24 études menées auprès de plus de 5200 jeunes, a évalué de manière empirique les effets de l’enseignement des échecs sur les performances scolaires et les compétences cognitives. Verdict: l’impact reste modeste. Plus de la moitié des autres approches pédagogiques examinées produiraient de meilleurs résultats que les échecs. De plus, la méta-analyse souligne qu’aucune des études ne repose sur un protocole idéal, ce qui n’exclut pas un possible effet placebo.

Alors, les échecs rendent-ils plus intelligent? Un peu. Mais de là à faire de nous des génies, il y a un grand pas.

Le jeu d’échecs, un rempart contre la démence?

Puisque le jeu d’échecs sollicite intensément le cerveau, on peut légitimement se demander s’il peut contribuer à prévenir la démence. L’hypothèse semble cohérente, mais reste à ce jour peu étayée par des preuves scientifiques solides. Une revue exploratoire menée en 2019, qui a analysé 21 études sur le sujet, conclut que si les bienfaits cognitifs liés aux échecs peuvent constituer un facteur protecteur indirect, les données disponibles demeurent encore trop limitées. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ce lien.

Une étude de cohorte publiée en 2023 s’est intéressée à l’impact d’un mode de vie intellectuellement stimulant chez les personnes âgées sur le risque de démence. Elle a suivi pendant dix ans 10 318 participant·e·s, d’un âge médian de 74 ans. Les chercheuses et chercheurs ont analysé leur mode de vie, puis effectué des analyses statistiques en lien avec le développement ultérieur de la démence. Le résultat? Une pratique régulière d’activités intellectuelles telles que les échecs, les jeux de cartes ou les mots croisés diminuait de 9% le risque de développer une démence.

Jouer aux échecs pourrait donc contribuer à préserver nos facultés mentales en vieillissant. Un atout potentiel, certes, mais non une garantie.

À toi de jouer!

Les échecs ne feront peut-être pas de toi un génie, mais ils exerceront ton esprit à chaque partie, t’offrant sans cesse de nouveaux défis à relever. 64 cases, 32 pièces et une quasi-infinité de combinaisons: un terrain de jeu idéal pour les esprits curieux et exigeants. Derrière ses dimensions modestes, l’échiquier abrite un monde riche et complexe, capable de rassembler des joueuses et joueurs des quatre coins du globe. Et toi, quel sera ton prochain coup?

Source image de couverture: Unsplash | Trahir osman