Logo Brack

«Dessiner? Je n’ai aucun talent pour ça.»

02.05.2025

Le dessin est souvent perçu comme un don réservé à quelques privilégiés – une aptitude innée que l’on possède… ou non. Et si c’était un mythe? En réalité, le dessin n’est pas un talent inné: c’est une compétence. Et comme toute compétence, elle peut s’apprendre.

En bref

  • Dessiner n’est pas une question de don, mais d’apprentissage méthodique.
  • Aiguise ton regard: décortique les formes, mesure les proportions, capte la lumière et les ombres.
  • Les natures mortes sont un excellent exercice pour progresser pas à pas.
  • Dompte ton crayon: travaille les formes et les hachures avec des exercices simples pour gagner en assurance.
  • La régularité avant tout: mieux vaut des séances courtes et régulières qu’un marathon hebdomadaire.

«Je ne dépasserais pas le stade du bonhomme bâton»

Cette phrase te semble familière? Peut-être l’as-tu toi-même prononcée un jour. Rien d’étonnant: combien d’entre nous abandonnent une nouvelle activité dès les premiers essais, faute de résultats concluants? Nous avons tendance à croire que le talent se révèle immédiatement, ou pas du tout. À première vue, cela semble rationnel, pourquoi s’acharner dans une voie sans issue? Mais nous oublions une évidence: tout apprentissage commence par des gestes maladroits. Ce qui compte, c’est le chemin parcouru.

C’est en forgeant qu’on devient forgeron

Tu as sûrement l’impression de l’avoir entendu mille fois, mais ce vieil adage renferme une part de vérité. Même les plus doués ne voient pas leurs talents servis sur un plateau. Sans pratique, point de maîtrise. Si tu veux exceller dans un domaine, il faudra y investir temps et patience – sans compromis. La régularité compte, certes, mais la méthode est tout aussi cruciale – pour progresser vite, il faut une approche réfléchie. Celle-ci diffère selon les personnes, mais une évidence s’impose: des répétitions mécaniques, dépourvues de réflexion, montreront vite leurs limites.

Pour t’aider à maîtriser l’art du dessin pas à pas, voici les fondamentaux et des exercices ciblés pour affûter méthodiquement ton coup de crayon.

L’art du regard: formes, proportions, ombres et lumière

«Je vois parfaitement ce qu’il y a sous mes yeux», penseras-tu peut-être. Mais sais-tu voir comme un artiste? Dans le dessin, la vue est ton outil principal. Un regard furtif ne suffit pas: pour apprendre à dessiner, il faut observer avec justesse. Pour y parvenir:

  • décompose les formes – une main n’est plus simplement une main: elle est un assemblage de cercles, d’ovales, de rectangles et de lignes. Tout est constitué de formes géométriques. Au lieu de percevoir les objets dans leur globalité;apprends à les déconstruire mentalement. Tes contours gagneront en précision;
  • maîtrise les proportions – analyse les rapports de taille entre chaque élément. Quelle est la dimension de la tête par rapport au corps? Où se situe la taille par rapport à la hauteur des épaules? Pour mieux saisir les proportions, mesure-les à l’aide de ton crayon. Si ton carnet reste à plat sur la table, les proportions risquent d’être faussées. Alors, redresse-le régulièrement pour vérifier les bonnes mesures;
  • observe comment la lumière tombe – prête attention à la source lumineuse: vient-elle du haut, de côté ou en oblique? Une lumière vive accentue les contrastes, tandis qu’une lumière douce crée des transitions plus subtiles. L’incidence de la lumière transforme la perception de l’objet. Où se concentrent les impacts lumineux? Ce sont ses zones les plus claires;
  • étudie les ombres avec soin – elles sont indissociables de la lumière. Sont-elles nettes ou diffuses? Où atteignent-elles leur intensité maximale, où s’atténuent-elles? Où commencent-elles, où s’arrêtent-elles? Le contraste est-il prononcé? Les ombres sont tes alliées: elles révèlent la forme de l’objet et t’aident à en restituer le volume;
  • note aussi la texture du matériau – est-il lisse ou plutôt rugueux? Brille-t-il, ou au contraire, est-il terne et mat? La lumière et les ombres te permettront de restituer avec justesse sa texture et de lui donner un aspect réaliste. En effet, chaque objet reflète la lumière différemment selon sa nature: un matériau brillant comme l’argent produit des reflets nets, tandis qu’une surface mate diffuse la lumière de manière plus douce.

Comment t’y prendre pour bien t’exercer?

Une méthode reconnue pour apprendre le regard «artistique» consiste à s’entraîner sur des natures mortes. Comme leur nom l’indique, il s’agit de représenter des objets inanimés, figés dans une composition. On les dispose de manière artistique avant de les dessiner ou de les peindre. Un classique? La corbeille de fruits, avec ses variétés et ses couleurs. Mais pour débuter, mieux vaut éviter cette complexité et commencer par des fruits isolés, en travaillant dès le départ leurs proportions:

blog-2025-duy-zeichnen-lernen-bild-stillleben.jpg
Les natures mortes sont un moyen efficace pour travailler la technique du dessin. Source: Adobe Stock | 169304205

Pour commencer, tu peux considérer le fond comme une surface blanche – l’essentiel, ce sont les fruits. Inutile de te précipiter sur les couleurs pour l’instant. Et crois-moi: rien que cela est plus difficile qu’il n’y paraît. Maintenant que tu maîtrises les bases de l’observation, tu as sûrement identifié le vrai défi de cette image: la surface de la pomme. Ne te laisse pas impressionner et avance pas à pas: saisis d’abord les formes et les proportions, trace les contours, puis attaque-toi aux jeux d’ombre et de lumière. Avec un peu de pratique, tu pourras passer à des motifs plus complexes, comme des pièces d’un jeu d’échecs, puis des coussins. Quand tu dessines des natures mortes, garde-toi de laisser ton «œil intérieur» prendre le contrôle. L’objectif est de voir, pas de penser – c’est tout l’enjeu de cet exercice.

Mais avant de te lancer dans les natures mortes, je voudrais te transmettre quelques principes et exercices fondamentaux pour affiner ta méthode.

Travailler avec des repères et esquisser

Commence par esquisser légèrement les formes et les contours au crayon, en vérifiant les proportions avant de les affermir d’un trait plus appuyé. Laisse de côté les détails et concentre-toi sur les volumes de base qui composent ton sujet. Tu pourras ensuite effacer ces repères avec une gomme malléable – ou simplement les intégrer à ton dessin.

Si tu ne maîtrises pas encore le trait, familiarise-toi d’abord avec les formes. Ta maîtrise se lit dans tes lignes: avec quelle aisance les traces-tu? Les dessinatrices et dessinateurs expérimentés ne craignent plus les traits hésitants: leurs gestes dégagent une légèreté qui révèle leur assurance. Un cercle, par exemple, est tracé d’un seul mouvement, sans lever le crayon. Le mouvement part du poignet, pas des doigts.

Comment t’exercer?

Prends une feuille de papier et un crayon. L’idée est simple: lâche-toi complètement. Dessine des formes variées – cercles, triangles, carrés – en donnant du mouvement à ton poignet. Varie les traits, tantôt appuyés, tantôt légers, et essaie de ne pas lever le crayon entre chaque forme. Trace des lignes droites, puis des courbes. Avec un peu de pratique, tu pourras même t’attaquer aux volumes en 3D, comme les cubes et les cylindres.

Si tu débutes, pratique cet exercice cinq à dix minutes par jour. Plus tard, tu pourras t’en servir comme échauffement avant de dessiner, à la manière des étirements avant le sport. Cela déliera ton poignet et éveillera ton esprit, évitant ainsi que tes dessins ne manquent de naturel ou paraissent trop crispés.

Hachures et techniques variées

Pour représenter des ombres et de la profondeur au crayon, la maîtrise des hachures est indispensable. Ces traits, tracés avec une direction et une densité spécifiques, permettent de restituer les effets de lumière et d’ombre. Plus les lignes sont denses, marquées ou entrelacées, plus la surface paraît sombre. Chaque technique produit un effet distinct:

  • hachures parallèles: les traits sont tous orientés dans la même direction;
  • hachures croisées: plusieurs couches de lignes s’entrecroisent;
  • hachures libres: des tracés multidirectionnels, pouvant épouser les contours du sujet.
blog-2025-duy-zeichnen-lernen-bild-schraffurtechniken.jpg
Voici différentes techniques de hachure. Source: Adobe Stock | 510921730

La pression que tu exerces, l’angle du crayon et la finesse de sa pointe jouent aussi un rôle clé. Cette liberté offre une grande marge de manœuvre – ce qui peut sembler déroutant au début. Car l’obscurité se crée autant par la densité et l’épaisseur des traits que par la force du geste. La difficulté ne réside donc pas seulement dans le choix des directions ou des longueurs de hachures. La bonne méthode dépend à la fois du matériau représenté… et de tes préférences.

Ici, la pratique prime sur la théorie. C’est en essayant différentes techniques que tu découvriras celle qui te correspond.

Comment t’exercer?

Explore les trois principales techniques de hachure: parallèles, croisées et libres. Varie la pression, l’espacement et l’orientation des traits. Laisse-toi d’abord aller sur une feuille blanche pour expérimenter librement, puis combine cet exercice avec le précédent pour créer des formes en trois dimensions. Commence avec un crayon à mine rétractable – tu n’auras pas à te préoccuper de l’affûtage ou de l’angle de tenue. Plus tard, passe à un crayon classique pour jouer avec l’inclinaison et le degré de finesse de la mine. Pour l’instant, évite d’estomper avec le doigt ou un mouchoir.

Cinq à dix minutes quotidiennes suffisent. L’important n’est pas la durée, mais la régularité. Une fois à l’aise, utilise cet exercice comme échauffement avant de travailler les hachures de tes nouveaux croquis.

Accepte tes erreurs et sollicite des retours

Les erreurs font partie de l’apprentissage – Bob Ross les appelait d’ailleurs «Happy Little Accidents». Alors, ose! Qui ne tente rien n’a rien. Ne crains pas de te tromper et prends du plaisir à ce que tu fais: les erreurs sont naturelles, et c’est en forgeant qu’on devient forgeron! Tires-en des leçons pour progresser. Analyse tes créations avec un regard critique, identifie tes points forts et ceux à améliorer. Et n’hésite pas à solliciter l’avis d’experts.

Petite astuce

Tu as du mal à détecter les incohérences dans ton croquis? Tu n’es pas seul·e: beaucoup ne remarquent les erreurs qu’une fois leur dessin achevé. Pourquoi? Parce que ton œil (enfin, ton cerveau) s’habitue à l’esquisse – et une fois familiarisé, il perçoit moins bien ce qui «cloche». La solution? Prends un peu de recul… ou essaie cette astuce infaillible: regarde ton image en miroir. Photographie-le et retourne l’image: ce simple inversement te donnera un regard neuf, faisant ressortir les défauts plus facilement. Une méthode très répandue, surtout chez les artistes numériques.

Établir une routine

Une routine régulière est malheureusement indispensable. Les compétences motrices ne s’acquièrent pas du jour au lendemain: elles exigent un entraînement assidu. Mais rassure-toi, inutile d’y consacrer des heures. Souvent, une brève séance quotidienne d’exercices ciblés suffit pour obtenir des progrès visibles. Quelques minutes par jour sont bien plus efficaces qu’un marathon hebdomadaire de plusieurs heures.

Avec le temps, le dessin deviendra plus intuitif. Ta coordination œil-main s’affinera, ton regard captera mieux les détails. Tu sentiras ton crayon glisser avec plus d’assurance sur le papier, et tu pourras peu à peu aborder des sujets complexes – personnages ou animaux. Mais là encore, ne brûle pas les étapes: commence par des éléments isolés (un œil, un nez, une main), construis-les à partir de formes simples, et appuie-toi sur des références visuelles. Personne ne naît en sachant dessiner de mémoire un visage ou une posture. Tout cela s’apprend.

Voici à quoi pourrait ressembler une routine type:

  • Chaque jour: cinq à dix minutes de tracé de formes et de lignes. Commence par des formes simples et isolées, puis passe progressivement à des objets basiques composés de ces formes.
  • Chaque jour: cinq à dix minutes de travail sur les hachures D’abord de manière libre et isolée, puis en les intégrant progressivement à tes exercices de formes.
  • Une fois par semaine: dessine une nature morte. Au fur et à mesure de tes progrès, choisis des sujets plus complexes.
  • Toutes les deux semaines: dessine de mémoire, en commençant par des objets simples que tu as déjà reproduits en nature morte.

Il ne te reste plus qu’à savourer pleinement le processus

Tu as envie de te lancer dans ce loisir? Munis-toi d’un bloc à dessin et commence sans attendre. Avance avec patience, non pas en te comparant aux autres, mais en t’inspirant d’eux. Regarde des vidéos, suis des tutoriels pas à pas – c’est l’un des grands privilèges de notre époque. Courage: toi aussi, tu peux apprendre à dessiner. Et surtout, rien ne t’oblige à partager tes croquis avant d’en avoir vraiment envie.

Source de la photo de couverture: Unsplash | A. C.

Duygu Özdemir

Content Marketing Manager

Lorsque je ne suis pas occupée à laisser libre cours à ma créativité littéraire, il est fort probable que je sois totalement absorbée par une série Netflix («Un dernier épisode!») ou alors engagée dans des discussions animées sur des sujets très variés. J’aime encore me plonger dans un bon livre ou me lancer dans un nouveau hobby. Ma curiosité intellectuelle est infinie, et j’ai ici la chance de pouvoir la satisfaire pleinement et de la partager.

Afficher tous les articles de l’autriceicon/arrowRight
,
FacebookLinkedinRedditXWhatsapp

Commentaires (0)

Veuillez vous connecter pour utiliser la fonction de commentaire.