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Les ordinateurs étaient autrefois des personnes (et souvent des femmes)

04.11.2025

Aujourd’hui, le mot «ordinateur» désigne une machine électronique composée de processeurs, de cartes mères, de cartes graphiques et de mémoire vive. Pourtant, autrefois, les tâches des ordinateurs étaient confiées… à des personnes: les calculateurs humains chargés d’effectuer des calculs complexes.

Du XVIIe au XIXe siècle, les «salles de calcul» ne vibraient pas au bourdonnement de circuits électroniques, mais au murmure de femmes et d’hommes penchés sur leurs tables – surtout de femmes. Aucun processeur ne chauffait, aucun ventilateur ne tournait: seules les idées s’animaient et les feuilles frémissaient. Pas de cliquetis de clavier, mais le crissement des plumes sur le papier. À cette époque, les tâches des ordinateurs étaient effectuées par des êtres humains, experts en formules et en tableaux, accomplissant d’innombrables calculs essentiels. La langue anglaise en a d’ailleurs gardé la trace: le terme «computer» désignait alors ces individus bien avant de nommer les machines d’aujourd’hui.

Leur importance pour l’astronomie

Le métier de «calculateur» ou de «calculatrice» était particulièrement répandu dans les domaines de l’astronomie et de l’ingénierie. On recrutait par exemple des calculateurs·rice·s pour déterminer la position des planètes, calculer des trajectoires de vol ou encore prédire le retour d’une comète. Ces tâches étaient extrêmement complexes et exigeaient un travail mathématique minutieux. Souvent, plusieurs calculateurs·rice·s réalisaient les mêmes opérations afin de limiter les erreurs en comparant leurs résultats. Les calculateurs·rice·s suivaient des protocoles stricts, à l’image des ordinateurs électroniques qui leur ont succédé. Des équipes de ce type travaillaient notamment à l’université Harvard, au NACA (l’ancêtre de la NASA) ainsi qu’au JPL, qui dépendait de la NASA.

Les «calculateurs·rice·s humain·e·s» ont profondément transformé l’astronomie: par leur travail collectif et rigoureux, ils ont fourni les bases de découvertes astrophysiques majeures. Leurs calculs ont rendu possibles des avancées qui constituent encore aujourd’hui le cœur de notre compréhension de l’univers.

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Recommandation de film: Les Figures de l’ombre

Tu veux en savoir plus? Le film «Les Figures de l’ombre», inspiré d’une histoire vraie, retrace le parcours de trois mathématiciennes afro-américaines qui ont joué un rôle essentiel dans les premières missions spatiales habitées de la NASA.


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La National Aeronautics and Space Administration (NASA) a été créée en 1958 et a installé son siège à Washington, D.C. Dans le cadre du programme Apollo, elle a réalisé le premier alunissage en 1969. Source: Unsplash | Yuzhe Dong

Des ordinateurs programmés par des calculateurs·rice·s

Pendant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux hommes furent appelés sous les drapeaux. Cette situation marqua un tournant dans l’histoire de l’informatique: une pénurie soudaine de mathématiciens ouvrit la voie aux femmes. Ainsi, certaines «calculatrices humaines» devinrent progressivement programmeuses. C’est le cas des «femmes de l’ENIAC», six pionnières qui, dans les années 1940, programmèrent le premier ordinateur numérique électronique pleinement opérationnel au monde: Betty Holberton, Jean Bartik, Kathleen McNulty, Marlyn Meltzer, Frances Spence et Ruth Teitelbaum.

Au fil de leur travail, elles mirent au point de nombreuses techniques de programmation et conçurent un programme capable de calculer des trajectoires balistiques, alors même que la programmation était un domaine totalement neuf. Sans mode d’emploi et sans modèle à suivre, elles durent bâtir leur compréhension pas à pas, à force d’essais, d’erreurs et d’une détermination remarquable. (Source: National Women's History Museum)

De l’homme à la machine 

Aux XVIIIe et XIXe siècles, les «calculateurs·rice·s humain·e·s» étaient principalement chargé·e·s de produire des tables mathématiques destinées à la navigation, l’astronomie ou l’ingénierie. Ce n’est qu’au tournant du XXe siècle que le terme a commencé à être associé aux machines. La fonction est restée la même, mais le sujet a changé. Avec l’apparition des calculateurs électroniques dans les années 1940 et 1950, le mot est rapidement passé de la personne à l’appareil, avant d’être supplanté en 1955 par le mot «ordinateur». Aujourd’hui, il ne partage plus qu’une seule chose avec l’être humain: son histoire.

Selon le dictionnaire Larousse, le terme «calculateur» désigne aujourd’hui encore tant la personne que la «machine destinée à effectuer d’une façon automatique des opérations arithmétiques ou logiques sur des données».

 

Source image de couverture: Unsplash | Galt Museum & Archives

Duygu Özdemir

Marketing Manager Editorial Content

Lorsque je ne suis pas occupée à laisser libre cours à ma créativité littéraire, il est fort probable que je sois totalement absorbée par une série Netflix («Un dernier épisode!») ou alors engagée dans des discussions animées sur des sujets très variés. J’aime encore me plonger dans un bon livre ou me lancer dans un nouveau hobby. Ma curiosité intellectuelle est infinie, et j’ai ici la chance de pouvoir la satisfaire pleinement et de la partager.

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