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Il se dit que le premier bug informatique avait des ailes

18.06.2025

Quand on parle de «bug», on fait mention d’un défaut de fonctionnement: cela peut-être un ralentissement, un plantage, un dysfonctionnement ou des éléments défaillants qui refusent tout simplement de se charger. Mais saviez-vous que le premier «bug informatique» est dû à un véritable insecte? Eh oui, les «bugs» désignent aussi des «bestioles» vivantes, qui bourdonnent, stridulent, ont de petites pattes et parfois de petites ailes. Découvrez ici la petite histoire dans la grande et ce qui se cache derrière ce terme.

Aujourd’hui, nos ordinateurs prennent la forme de boîtiers fermés se rangeant sous le bureau, d’ordinateurs portables tout fins qui se glissent dans le sac à dos et de smartphones légers comme des plumes qui trouvent place dans la poche du pantalon. Tous ces appareils sont très compacts et inaccessibles aux insectes (contrairement à la poussière peut-être). Toutefois, jusque dans les années 1970 et 1980, les ordinateurs pesaient souvent des tonnes et remplissaient l’espace de pièces entières. Il n’est donc pas étonnant que des insectes aient pu y pénétrer.

C’est ainsi qu’un petit intrus clairement identifié a marqué l’histoire et a donné au terme «bug» la signification de «défaut de système». Or, vous le savez sûrement déjà, ce terme désigne avant toute chose les insectes (bestioles) en anglais.

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Les premiers supercalculateurs occupaient des pièces entières et étaient dotés de racks ouverts aux quatre vents, avec des câbles et des tubes accessibles. Source: Adobe Stock | 1198586545

Harvard Mark II: une mite crée le bug!

Le Harvard Mark II, également connu sous le nom de «Aiken Relay Calculator», était l’un des premiers supercalculateurs et avait des dimensions colossales. Ce calculateur géant pesait 23 tonnes: un poids guère étonnant au vu de la surface qu’il occupait, soit 370 m2, et des milliers de composants qui le constituaient. Grace Hopper, mathématicienne auprès de la marine américaine, en a été l’une des constructrices, avec d’autres mathématiciens et techniciens, sous la direction d’Howard Aiken à l’université de Harvard. Malgré la taille et la complexité de l’appareil, l’équipe a mis moins de trois ans à le mettre sur pied: le contrat de développement du calculateur a été signé en 1945, et c’est en septembre1947 que la machine a été achevée.

Bien sûr, le projet n’a pas toujours roulé comme sur des roulettes, et l’un des soucis rencontrés prête encore à sourire aujourd’hui.

Une mite paralyse un supercalculateur

Le dernier mois, alors que l’ordinateur entrait dans sa phase d’achèvement, il a soudainement subi un dysfonctionnement. Une mite, retrouvée sans vie sur le relais électromagnétique n° 70, panneau F, a provoqué l’arrêt complet du colosse de plusieurs tonnes. Les techniciens en ont fait mention avec humour dans leur journal, où ils ont collé l’insecte: «First actual case of bug being found.». (en français: premier véritable «bug» rencontré). Grace Hopper a beaucoup apprécié l’ironie de l’incident et a largement popularisé les termes «bug» et «debugging» (débogage en français) dans le langage informatique en racontant régulièrement cette histoire.

S’il est amusant de penser que cette anecdote est à l’origine du terme «bug», ses racines remontent à bien plus loin en réalité.

Les «bugs» existaient bien avant l’ordinateur

Ce n’est pas une mite qui a donné naissance au terme «bug». Les erreurs des systèmes techniques étaient déjà qualifiées de «bugs» avant le mythique crash en question. En 1878 par exemple, Thomas A. Edison écrivait à un partenaire commercial et s’exprimait ainsi dès l’introduction de sa missive: «You were partly correct, I did find a bug in my apparatus …» (en français: «Vous n’aviez pas totalement tort: j’ai bel et bien trouvé un bug dans mon appareil...»). Dans cette même lettre, il associe en plaisantant le bug à un genre d’insecte imaginaire.

Et en effet, ce n’était certainement pas la première fois que Thomas A. Edison mentionnait un «bug» pour qualifier une erreur systémique. Et il n’était sûrement pas le premier non plus à l’utiliser de cette manière. Le mot «bug» était déjà utilisé en anglais avant cette date comme synonyme de quelque chose d’indésirable et de dérangeant. Durant l’ère industrielle, cette acception du mot s’est étendue aux dysfonctionnements des machines. L’évolution du mot «debugging» a suivi une logique similaire. Il a d’abord été utilisé en électrotechnique avant que l’informatique ne l’adopte à son tour.

Nous en sommes certains:

  • la mite qui s’est introduite dans le Harvard Mark II et la note inscrite dans le journal ont contribué de manière significative à rendre ce terme populaire.
  • Toutefois, ce n’était pas la première fois qu’une erreur système était qualifiée de «bug».
  • Et ce n’était pas non plus la première fois qu’une blague reliait un défaut technique à de vrais insectes.

Une anecdote charmante supplante la réalité

Aussi amusante que soit l’anecdote de la fâcheuse mite du Harvard Mark II, elle n’est pas à l’origine du terme, même si elle en a renforcé l’usage. Le terme «bug» était déjà un mot technique utilisé bien avant elle et il désignait les dysfonctionnements des systèmes mécaniques et électriques. Ce narratif haut en couleur s’est répandu comme une traînée de poudre et a sans aucun doute donné à ce mot une toute nouvelle popularité dans le domaine de l’informatique. L’histoire est si charmante qu’elle supplante toujours la véritable origine du mot, surtout parce qu’elle est colportée par le bouche-à-oreille.

Alors que nos PC domestiques, nos ordinateurs portables et nos smartphones n’offrent plus guère d’espace aux bestioles en raison de leur boîtier fermé ou de leur étroitesse, les premiers calculateurs qui pesaient des tonnes étaient largement ouverts aux quatre vents: des relais aux racks pleins de tubes qui couraient le long de halles entières en passant par les amas de câbles. Les ancêtres de nos appareils domestiques capables aujourd’hui d’entrer dans de simples cartons à chaussures avaient, quant à eux, des dimensions monumentales. Quelle chance que nos ordinateurs puissent même tenir dans une poche et soient généralement à l’abri des mites!

Source image de couverture: Unsplash | Mireille Raad

Duygu Özdemir

Content Marketing Manager

Lorsque je ne suis pas occupée à laisser libre cours à ma créativité littéraire, il est fort probable que je sois totalement absorbée par une série Netflix («Un dernier épisode!») ou alors engagée dans des discussions animées sur des sujets très variés. J’aime encore me plonger dans un bon livre ou me lancer dans un nouveau hobby. Ma curiosité intellectuelle est infinie, et j’ai ici la chance de pouvoir la satisfaire pleinement et de la partager.

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