
Crazy matches: quand le football perd la boule
Le football peut être surprenant et extraordinaire – comme le prouvent certains matches parmi les plus mémorables de l’histoire. Nous te convions à un voyage à travers l’espace et le temps, parsemé de succès inattendus, d’attentats au fair-play, et de buts légendaires qui font de ce sport un spectacle hors du commun.
RFA – Hongrie (1954), 3:2
Également connu sous le nom de «Das Wunder von Bern» (miracle de Berne). En préambule, oui, la Suisse a déjà organisé une Coupe du monde, même si c’était il y a plus d’un demi-siècle. Jouant à domicile en cet été 1954, l’équipe nationale est toutefois éliminée en quarts par l’Autriche, au terme d’un match mémorable sur lequel nous reviendrons plus tard. La deuxième rencontre la plus spectaculaire de la compétition a lieu lors de la finale qui voit s’affronter les Allemands de l’Ouest et les grands favoris hongrois. La victoire inattendue du onze de Sepp Herberger sera mise en scène en 2003 dans un long-métrage émouvant combinant l’épopée sportive avec le récit dramatique des Lubanski, une famille prise dans la tourmente de l’après-guerre.
Brésil – Allemagne (2014), 1:7
Quelle claque! Ce match, je l’ai regardé en direct avec des amis. En tant que «bon» Suisse allemand, j’ai bien sûr été éduqué à ne jamais soutenir l’Allemagne, car ses équipes de foot semblent toujours avoir de la chance au tirage au sort, se retrouvent fréquemment à douze sur le terrain, sans parler de cette énorme assurance qui confine parfois à l’arrogance. Bonjour la perception sélective... Contre le Brésil en demi-finale, à Belo Horizonte, j’imagine que le parcours de la Mannschaft va s’interrompre. Je m’exerce par anticipation à faire preuve d’une (fausse) compassion pour mes voisins d’outre-Rhin. Grave erreur.... La confrontation va tourner à la déroute totale des Sud-Américains. Mauvais perdant, je me dis que j’aurais préféré qu’une telle leçon soit administrée au pays organisateur en 2006. Quoi qu’il en soit, l’Allemagne se couvre de gloire et se qualifie pour la finale qu’elle va remporter 1 à 0 contre l’Argentine lors des prolongations. Et soyons honnêtes, de façon fort méritée 😉. Fait amusant, depuis cette humiliation historique, des proverbes comme «7 a 1 foi pouco» ou «Gol da Alemanha», utilisés quand tout va mal, ont vu le jour au Brésil.
Argentine – Angleterre (1986), 2:1
Comme ce match s’est déroulé environ une demi-décennie avant ma naissance, je n’ai malheureusement pas pu le voir de mes propres yeux. On m’a dit que c’était l’une des rencontres les plus mémorables de tous les temps, avec deux buts hors du commun – totalement différents dans leur exécution – de Diego Maradona en l’espace de quatre minutes. À la 51e minute, le numéro 10 de l’Argentine dévie le ballon de la main (la fameuse «main de Dieu») dans le goal anglais après une tentative de dégagement ratée du défenseur Steve Hodge. L’arbitre n’ayant pas vu l’infraction et la VAR n’étant pas encore à disposition, ce but volé est validé, et les futurs champions du monde mènent 1-0. Quatre minutes plus tard, celui qu’on appelle El Pibe de Oro s’élance depuis sa propre moitié de terrain. Avec une maestria hallucinante, il efface pas moins de cinq adversaires et s’en va battre le gardien Peter Shilton, offrant au passage la qualification pour les demi-finales à son équipe. Cet exploit mémorable de Maradona, et son but de la main, restent, pour des raisons bien différentes, solidement ancrés dans la légende du football. Quel est ton avis à ce sujet?
Suisse – Autriche (1954), 5:7
Revenons en Suisse en 1954 pour ce match renversant contre l’Autriche. Renversant dans tous les sens du terme. Car la Suisse commence par mener 3 à 0 ... Cueillis à froid, les Autrichiens se réveillent brutalement et marquent à leur tour trois fois en quatre minutes. Ils ne s’arrêtent pas en si bon chemin puisqu’ils font encore trembler les filets à deux reprises avant que la formation helvétique redresse la tête. À la mi-temps, le score est de 5 à 4 pour l’Autriche et tout reste ouvert. Au cours des 45 minutes suivantes, les deux teams se neutralisent (deux buts chacune), le capitaine Ernst Ocwirk et les siens finissant par l’emporter 7 à 5. Personne ne le sait à ce moment-là, mais avec ce quart de finale, l’équipe suisse, coachée par l’entraîneur (autrichien) Karl Rappan, signe une performance qu’elle ne parviendra jamais à rééditer.
Claypole – Victoriano Arenas (2011), 2:0
Ce match de cinquième division argentine (Primera D) ne serait sans doute pas entré dans les annales s’il n’avait été sanctionné par la CONMEBOL et la FIFA. Quoi qu’il en soit, le fair-play a été le grand perdant du jour, avec 22 joueurs de champ, 12 remplaçants et 2 entraîneurs expulsés! Cette bataille rangée va d’ailleurs valoir aux deux clubs une mention dans le Livre Guinness des records, une publicité dont les instances du football argentin se seraient certainement bien passées...
AS Adema – SO I’Emyrne (2002), 149:0
Imagine que tu te rendes à un match du championnat de Madagascar en espérant que le spectacle sera à la hauteur. Au lieu de cela, tu assistes à la rencontre la plus improbable de l’histoire, avec une équipe ne marquant pas un, ni deux, voire même trois buts contre son camp... mais 149, soit plus d’un par minute! Sans surprise, de nombreux spectateurs excédés vont exiger d’être remboursés. Mais que s’est-il passé? Remontés comme des pendules à cause d’une décision arbitrale prise lors du match précédent (qui leur a fait perdre toute chance de remporter le championnat), les membres du SO l’Emyrne ont choisi de se lancer dans cet exercice de protestation incongru et inédit. Le score final de 149 à 0 entre fort logiquement dans le Guinness Book. Sur le terrain, les conséquences sont limitées, car aucune règle n’a été enfreinte. L’entraîneur du SO l’Emyrne va toutefois être suspendu trois ans et des mesures disciplinaires vont être prononcées à l’encontre de certains joueurs. Angleterre ou Madagascar: le football insulaire a toujours une saveur particulière...
Ligue saoudienne, le sport au second plan
Ceux qui disposent de ressources infinies semblent l’oublier, mais tout ne peut pas s’acheter. La culture du football, par exemple, se développe de manière organique, comme tout ce que nous apprécions. L’aspect financier vient dans un deuxième temps... pour le meilleur ou pour le pire. Bien sûr, l’argent coule à flots depuis bien longtemps déjà dans le sport. Mais dans les pétromonarchies, on aime toujours en rajouter une couche...
Est-ce moi ou les approches pratiquées notamment par les Saoudiens évoquent celles d’un enfant gâté à qui personne n’a osé expliquer ce qu’est le monde réel? En effet, malgré la présence de Ronaldo, Benzema, Kanté, Fabinho ou encore Dembélé et des réserves de liquidités colossales, la Saudi Pro League draine en moyenne seulement 8500 spectateurs par match. On peut supposer que les généreux salaires offerts dans la Péninsule continueront à séduire des superstars en fin de carrière. Cette tendance se maintiendra-t-elle? Seul l’avenir nous le dira...
Conclusion
Le football véhicule toutes sortes d’émotions Tout est possible, des matches avec plus d’un but par minute à une interruption en raison d’un trop grand nombre d’expulsions. Et comme les hauts et les bas dans la vie de tous les jours, chaque rencontre inoubliable peut être suivie d’une confrontation hachée. On peut donc continuer à spéculer sur des duels hors normes. Personnellement, sans être un fan inconditionnel, j’espère que la passion pour le jeu restera intacte – malgré la FIFA, les accords de licence et de diffusion douteux et la maximisation des bénéfices. Quels sont les matches dont tu te souviens le plus? Peut-être la dernière journée de Super League 2005/6 où le FCZ a remporté le titre à la 93e minute? Et les équipes qui pourraient nous offrir un spectacle inoubliable lors des prochains tournois?
Content Marketing Manager
Depuis peut-être l’époque de la retro soul ou mon enfance, je me passionne pour le numérique et tout ce qu’il y a autour, mais aussi pour l’analogique. Régulièrement, je bidouille des prod’ dans mon DAW, je mène mes gens à la victoire dans des jeux de stratégie et je me mets en mode furtif sur des plateformes de tireur d’élite. Mais, j’aime aussi écouter les têtes pensantes de ce monde, qu’ils parlent de philosophie, de technologie ou de sujets de société. Bien entendu, je dois tout ça à un (mon) ordinateur, sans doute l’outil le plus puissant et le plus accessible de toute l’histoire de l’humanité. Et je n’ai pas fini d’apprendre!
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